Cocker Joe
Jukebox n°167 (Juillet 2001) © Jacques Barsamian

Béni d'une paire de poumons exceptionnels, Joe Cocker est l'un des chanteurs de blues blanc les plus doués. Le Blues repris avec un accent anglais a souvent paru bizarre aux Américains, mais pas par Joe Cocker, considéré par certains musicologues comme l'un des principaux représentants du blue-eyed soul. Sans doute l'un des plus convaincants de ce blues aux yeux bleus avec Eric Burdon, Stevie Winwood et Mike Harrison. Nombreux sont ceux qui s'accordent pour dire qu'il a la voix éraillée d'un bluesman noir, en tout cas l'une des plus particulières de toute l'histoire de la pop-music, riche en émotion, brute, pleine d'angoisse, avec des notes provenant de la gorge. Autre détenteur d'un puissant organe dans le même registre, Rod Stewart convient qu'il a durement travaillé son jeu de scène car il ne pensait pas pouvoir rivaliser avec Joe Cocker uniquement avec son chant. Garçon chaud, personnage authentique, calme et peu bavard dans la vie courante, Cocker a au cours de sa carrière en dents de scie parfois été considéré comme l'une des victimes de la grande saga de la rock-music. Mais il a souvent précisé que chanter était l'unique métier qu'il sache pratiquer sérieusement. "Si je n'y avais pas cru, commente-t-il en 1982 avant son retour au premier plan sous l'égide de Chris Blackwell, je travaillerais probablement tels mes anciens camarades huit heures par jour dans une usine, puis, le soir, avant de retrouver ma femme, mes chaussons et la télévision, je boirais d'incroyables quantités de bière, entre cinq et six litres comme dans ma jeunesse a Sheffield i J'al eu de la chance de m'en tirer." Enfant de parents modestes, John Robert Cocker est né le 20 mai 1944 dans la ville industrielle de Sheffield dans le Yorkshire, au nord de l'Angleterre. Il fait ses études dans une école technique, la Sheffield Central Technical School, où il reconnaît ne pas briller. Plutôt qu'aux matières enseignées, adroit de ses mains, il s'intéresse à la maçonnerie, au travail du bois et a la plomberie, reprochant au programme scolaire d'être mal adapté. "On nous obligeait à acquérir des connaissances inutiles dans la vie active alors qu'on ne nous préparait pas à la spécialisation, pourtant utile pour pratiquer un métier ; du moins pour la plupart des gens dans mon cas."

 


Joe Cocker (à gauche) à l’Esquire en 1964 avec Dave Berry et Ray Stuart

 

Mais, depuis 1956, John a une autre passion, la musique. A douze ans il chante pour la première fois dans un des innombrables Youth Clubs (club de jeunes) avec les Headliners que dirige son frère Victor (futur économiste) et rejoint en 1957 les Cavaliers, dont son frère est encore le leader. "J'ai véritablement commencé en jouant de la caisse claire dans ce groupe de skiffle. Je ne me trouvais pas très doué comme batteur. Ce sont les autres membres des Cavaliers qui m'ont demandé de m’installer à la batterie, si bien que je devais accompagner ce jeune gars qui chantait atrocement dans des pubs et des cabarets minables dont on faisait l'ouverture et où, souvent, nous étions réglés en verres de bière à mes débuts, le skiffle, inspiré du folk et de la country, a connu un véritable boum grâce à Lonnle Donegan. Quand le skiffle est passé de mode, nous nous sommes mis au Rock’n’Roll. On était influencé par les chanteurs américains. Little Richard, Gene Vincent, Chuck Berry et Buddy Holly furent nos grands inspirateurs. Ce dernier a créé de superbes mélodies, simples et faciles à retenir, qui accrochaient à tous les coups. J’ai également été attiré par le blues de Muddy Waters qui était largement plus passionnant que la pop anglaise qu’on pouvait entendre alors" Avec Les Cavaliers, John cumule batterie et harmonica ne se sentant pas prêt à prendre le micro en public. En 1959, il a la révélation en entendant à la radio un disque qui va changer sa vie par celui qu'on surnomme le Genius, dont ii fait bientôt une obsession et qui l’influencera y compris dans sa gestuelle. "Quand j’ai entendu Ray Charles, je n'en al pas cru mes oreilles. D'abord, j'ai pensé que c'était un nouveau disque de Little Richard. Apres que le disc-jockey a annoncé qu’il s'agissait de Ray Charles dans "What’d I Say", j’ai couru acheter son album "Yes Indeed !" que je n‘ai pas arrêté d'écouter Je suis ainsi devenu un inconditionnel de Ray, dont j'ai tout fait pour reproduire les inflexions vocales." Ayant abandonné ses études a seize ans, tandis que passer ses soirées en boite est devenu pour lui un violon d’Ingres, John travaille comma ajusteur, plombier et installateur pour East Midlands Gas Board, la compagnie du gaz locale.

 


Afin d’arrondir ses fins de mois, il installe et répare dans la journée des tuyaux. "C'était un travail sans grande contrainte, assez libre, qui m'a permis de rencontrer plein de gens passionnants." A l'automne 1963, les Cavaliers devenus Vance Arnold & The Avengers chauffent les salles pour les groupes vedette du merseybeat, dont les Hollies, mais aussi Manfred Mann et les Rolling Stones. John, qui s'impose comme chanteur, se produit avec son groupe en tant que Cowboy Joe, dans des clubs de Sheffield tels le King Mojo et l'Esquire, qui accueille quelques-unes des grandes attractions du R&B et de la soul, ainsi que des formations locales comme Frankenstein & The Monsters ou les Tremors. Courant 1964, rebaptisé Joe Cocker, il auditionne à Manchester pour le producteur Mike Leander, ce qui lui vaut un contrat avec Decca. Ayant obtenu un congé de son employeur, il se rend à Londres ou il enregistre dans les studios de West Hampstead "I'll Cry Instead", "Precious Words" et le classique "Georgia On My Mind" remis au gout du jour par Ray Charles en 1960. Big Jim Sullivan est le guitariste de cette séance pour laquelle les Ivy League assurent les chœurs. Si le standard de Hoagy Carmichael "Georgia On My Mind" ne sort pas, par contre les deux autres morceaux font l‘objet d'un 45 tours publié à la rentrée 1964. Sa reprise de la chanson des Beatles "I'll Cry Intead" ne provoque pas le moindre impact commercial, ne lui rapportant, en guise de royalties, qu'une demi-livre ! En revanche, elle prouve déjà son attirance pour ces grands auteurs-compositeurs. Sa puissante interprétation lui vaut un certain nombre de louanges et lui permet de chanter au sein d'un véritable orchestre professionnel, Big Blues, dans son pays, puis de partir en France se produire dans des bases militaires américaines. "Les Noirs adoraient ce que nous interprétions alors que les Blancs ne voulaient pas entendre parier de nous et nous empêchaient de terminer notre prestation, si bien que nous sommes revenus en Angleterre sans le sou." A son retour, Joe Cocker apprend que son contrat avec Decca n'a pas été renouvelé. Découragé. En 1965, il repart pour Sheffield retravailler pour la compagnie du gaz, ne remontant sur scène qu'exceptionnellement, ce qui met un terme au Big Blues.

Après de longs mois d'inactivité musicale, il forme en 1966 avec un vieux copain de Sheffield, le bassiste Chris Stainton (ne la 3 mars 1943), son futur bras droit, le Grease Band, dont les premiers autres membres sont le guitariste Frank Myles (ancien membre des Cruisers de Dave Berry), le pianiste Vernon Nash et le batteur Dave Memott. Le mot grease (graisse) a été repéré par Joe Cocker en parcourant dans la revue Downbeat une interview de Jimmy Smith au cours de laquelle la célèbre organiste de jazz évoque un musicien ayant beaucoup de graisse (sic). La légende veut que le Grease Band effectue ses débuts scéniques lors d'un barbecue organise par une équipe de rugby. Cet orchestre se fait une sérieuse réputation dans le circuit des clubs et des pubs du nord de l'Angleterre en louant avec vigueur et de façon funky des succès soul et Tamla Motown, ainsi que du blues. Le classique "Saved" est enregistré au King Mojo Club pour un disque flexi (EP Action ACT O02) distribué avec Twikker, le magazine de l'université de Sheffield. Mais, pour Joe, il n'est désormais plus question de se cantonner aux reprises. "Avec Chris, nous avons décidé que plutôt que de passer des journées entières dans les pubs, on écrirait des chansons. C‘est de cette époque que datent "Marjorine", "Change In Louise" et certains autres titres." Quelque temps plus tard, le Grease Band quitte Sheffield pour Londres. "Nous vivions dans un bed & breakfast de Sussex Gardens à trois, dans une seule pièce, puis a cinq à partir du moment où Mickey Gee et Tommy Reilly se sont joints à nous." Le Grease Band a en effet changé de format avec, aux cotes de Joe Cocker et Chris Stainton, le jeune prodige de 18 ans Tommy Eyre (claviers), Mickey Gee (guitare) et Tommy Reilly (batterie). Las de végéter à Sheffield, Joe, qui double sa voix, et Chris, qui assure toutes les orchestrations, réalisent une maquette qu'ils font parvenir au promoteur Tony Hall, qui la fait suivre au producteur de Procol Harum et des Move, Denny Cordell. Celui-ci raconte : "Joe Cocker est quelqu'un dont je soupçonnais I ‘existence, sachant que je le rencontrerai un jour. Il n'avait vraiment pas le look d'une rock-star, mais, quand il a ouvert la bouche, je n'en suis pas revenu ! Joe est un type étrange. Il aime plus que tout la musique rock. Il n’a pas besoin de se poser la question sur la manière d’interpréter le rock parce que c'est inné chez lui. De plus, c'est un perfectionniste."

Dument impressionné, Denny Cordell organise une séance à Londres, à laquelle ne sont conviés que Joe Cocker et Chris Stainton, qu'il entoure de l’ancien batteur des Tornados Clem Cattini, des guitaristes Jimmy Page et Albert Lee. De cette séance est issu en mars 1968 un simple sur l'étiquette Regal Zonophone réactivée, avec en face A "Marjorine". Cette chanson, cosignée par Joe et Chris, est dédiée à Marjorie (sans n), la mère du chanteur.



Sans atteindre le sommet du hit-parade, elle se vend honorablement et accède à la 48e position le 22 mai. En août, Joe Cocker et son groupe se produisent au Windsor National Jazz 8‘ Blues Festival où ils font un tabac. Le 15 octobre, ils sont à l'affiche d'un concert de charité au profit des étudiants tchèques souhaitant obtenir une carte de séjour pour demeurer au Royaume-Uni, organisé au Royal Albert Hall de Londres avec Georgie Fame, Alan Price, Spencer Davis et la chanteuse Julie Felix. Trois jours plus tard, Joe Cocker & The Grease Band entament à Newcastle une tournée au cours de laquelle il leur arrive de se produire avec les Who et Arthur Brown. Ils louent un mélange d'originaux et de reprises comme "Can’t Be So Bad" de Moby Grape, une version de "St. James Infirmery" que ne renierait pas Ray Charles ou le classique du R&B de Lloyd Price "Lawdy Miss Glawdy". Entre-temps, Mickey Gee et Tommy Reilly ont été remplacés par le guitariste irlandais Henry McCullough (ex-Eire Apparent) et l'exubérant batteur Kenny Slade, qui a loué avec Paul Jones et Del Shannon rencontré à Sheffield plusieurs années plus tôt. Une autre séance a aussi été organisée, où est enregistrée une reprise torturée, lente et bluesy, avec une intro à la Bach, du "With A Little Help From My Friends" de John Lennon & Paul McCartney, chanté par Ringo Starr sur l'album "Sergeant Pepper". Alors que le batteur des Beatles en offre une version plaisante, Joe Cocker la transcende, donnant l'impression d'être confronté à l'homme le plus malheureux sur la terre. "Initialement, confie Denny Cordell. "With A Little Help From My Friends" devait être simplement une plage d'album. Le résultat a été tel que nous avons décidé d'en faire la face principale du 45 tours suivant. Lors d'une première séance, Joe était accompagné par Traffic, puis en juin par le Grease Band. Mais les filles qui assuraient les chœurs ne nous convenaient pas. Finalement, en août, on a pu mettre la main sur Madeline Bell et Rosetta Hightower Ainsi, l'affaire fut bouclée."

Arrangée par l'organiste Tommy Eyre, assisté de Chris Stainton, Jimmy Page, du batteur de Procol Harum B.J. Wilson plus des choristes Madeline Bell, Rosette Hightower et Sunny Weetman, cette version devient un succès mondial en quelques semaines. N°1 le 6 novembre 1968 en Grande-Bretagne, pénétrant comme une ?èche dans ce hit-parade avant de rejoindre les sommets dans plusieurs pays européens. "Le 33 tours "Sergeant Pepper", explique Joe, a été pour moi une révélation aussi primordiale que l'avait été Ray Charles. J'ai flairé qu'il se passait quelque chose de neuf dans la pop-music. L'enregistrement de "With A Little Help From My Friends" a été réalisé à la façon d'un bœuf géant. Jimmy Page venait de quitter les Yardbirds. Il était libre, puisque cela s'est déroulé avant que le premier LP de Led Zeppelin ne soit commercialisé." Toujours est-il qu'Henry McCullough est capable de reproduire parfaitement le solo de Jimmy Page. Les Beatles sont tellement enthousiasmés par la version de Joe Cocker de leur chanson qu'ils lui envoient un télégramme de félicitations et s'offrent des publicités dans la presse musicale vantant ce 45 tours. Le morceau des Quatre de Liverpool est devenu depuis le clou oie son tour de chant. Une trentaine d'années plus tard, Joe admet : "Au milieu des années 70, lors d'un gala à Rome, nous n’avons pas joué "With A Little Help From My Friends", si bien que le public a fait une émeute. Ils ont mis en pièce l'endroit et lapidé notre car alors qu'on tentait de partir A la suite de cet incident, nous avons décidé de ne jamais oublier ce titre." En attendant, interwiewé pour le Melody Maker du 26 octobre 1968, Joe Cocker vante les mérites de ses musiciens avant de confier : "Nous ne sommes pas un groupe underground. Cela ne nous empêche pas de bien marcher dans les universités. Je crois que c'est parce que notre orchestre est solide et que les gens savent que nous essayons de leur proposer une bonne performance. Le truc est de savoir communiquer avec le public. Le glitter qui scintille n’est pas indispensable car les mômes peuvent toujours flairer ce qui n'est pas honnête. ‘Je suis drôle (sic) au sujet de notre répertoire. J'aime les paroles qui ont un goût de blues. ‘Je préfère la scène au studio. Pourtant, lorsque j'ai abandonné la batterie pour le micro, je me suis demandé ce que je pourrais bien faire de mes mains. La plupart des gens ont le rythme dans les pieds. Moi, je l'ai dans les bras, et le fait de les agiter m ‘aide à me relaxer."

Fin 1968, grâce à "Wlth A Little Help From My Frlends", la presse et ses passages sur le petit écran, Joe Cocker devient l'une des vedettes à la mode. Le 14 décembre, aux Etats-Unis, son disque ne se classe que 68e, mais cela ne l'empêche pas d'être sollicité pour des émissions de télévision, même si lors d'un premier passage à l'Ed Sullivan Show il est noyé parmi des danseurs. Certains considèrent son jeu de scène comme de mauvais goût, lui reprochant son côté moulin a vent épileptique et vont jusqu'à le traiter de Frankenstein de la chanson Joe Cocker répond qu'il ne s'agit pas d'un numéro travaillé, mais que cela lui vient tout naturellement. Le 11 janvier 1969, il est invité sur BBC1 dans le show Happening For Lulu. Puis, du 8 février, à l'Odeon de Lewisham, au 9 mars, à l’ABC de Blackpool, Joe partage l'affiche d'une tournée anglaise avec l’Américain Gene Pitney, Marmelade et les lveys. Enfin, le 27 avril, il repasse à l'Ed Sullivan Show a la veille d'un périple de deux mois aux Etats-Unis où, en mai, son excellent premier album, "With A Little Help From My Friends", se classe 35e. Non seulement le contenu est trié sur le volet mais, en plus, Joe Cocker est soutenu par un véritable who's who avec les guitaristes Jimmy Page et Albert Lee, l'ex-Tornades Clem Cattini partageant la batterie avec Mike Kelie, B.J. Wilson et Paul Humphries. L'organiste de Procol Harum Mathew Fisher joue sur "Just Like A Woman" et Steve Winwood tient le même instrument dans "l Shall Be Released" et "Do I Still Figure In Your Life ?".

 


Joe explique : "Sortir un album rempli de faces B est une perte de temps et c'était alors le cas de beaucoup de disques. A cette époque, Steve Winwood souhaitait continuer à jouer avec moi. Il était prêt à participer à l'intégralité de mon futur second 33 tours. Notre association se serait probablement poursuivie si Eric Clapton ne lui avait proposé de monter Blind Faith avec lui. A mon grand regret, car Steve est l'un des musiciens les plus éclectiques qui soit." Produit par Denny Cordell et mixé par Tony Visconti, ce LP très réussi et au titre convivial contient évidemment "With A Little Help From My Friends", ainsi que "Don't Let Me Be Misunderstood", popularisé par Nina Simone et les Animals, sur lequel figure exceptionnellement sur vinyle le Grease Band avec Chris Stalnton, Henry McCullough, Kenny Slade et Tommy Eyre dans un superbe solo d'orgue. On y trouve encore le classique de la première guerre mondiale "Bye Bye Blackbird", l'un des grands moments de cette galette ; trois plages cosignées Cocker-Stainton ; deux reprises de Bob Dylan ("Just Like A Woman"/"I Shall Be Released"). A ce propos, Joe déclare : "Aujourd'hui, il n'y a vraiment que Bob Dylan et les Beatles qui me fassent vibrer !" Extrait en simple, le formidable "Feeling Alright" (créé par Dave Mason avec Traffic en 1968) est 69e au Hot 100 US le 19 juillet 1969. En août, Chris Stainton passe aux claviers qu'il préfère à la basse, tandis que Tommy Eyre (en partance pour Aynsley Dunbar Retaliation) et Kenny Slade quittent le Grease Band parce que l'ancien plombier de Sheffield les juge trop jazzy, et qu'arrivent le bassiste Alan Spenner et le batteur Bruce Flowiands, un vétéran. De nouveau en tournée en Amérique, le groupe est programmé au festival pop de Denver à celui de Newport '69 en juin comme Jimi Hendrix, Eric Burdon, Jethro Tull, lke & Tina Turner, Creedence Clearwater Revival, d'Atlanta en juillet avec Led Zeppelin, Canned Heat. Johnny Winter, Delaney, Bonnie, et évidemment au plus célèbre de tous, celui de Woodstock organisé du 15 au 17 août.

Alors que, quelques mois plus tôt, Joe chantait pour quelques centaines d'étudiants et d'ouvriers métallurgistes. A présent, avec une prestation inoubliable, il fait sensation devant 500 000 hippies lors de ces trois jours d'amour, de paix et de musique. Pour beaucoup, Joe Cocker est au zénith, vêtu d'un T-shirt, la tête balançant de droite à gauche tout en clament "With A Little Help From My Friends". Il en fait l'un des meilleurs moments du film de Michael Wadleigh (1970) restituant l'événement. Le 30 août 1969, Joe et le Grease Band sont de retour en Grande-Bretagne pour le deuxième festival de l'île de Wight, organisé à Woodside près de Ryde, avec Bob Dyian, les Who et les Moody Blues. Du 16 au 19 octobre, Joe Cocker passe en co-vedette avec Little Richard, l'une de ses premières idoles au Fillmore West de San Francisco. Et la navette continue puisqu'il est à l'affiche du Royal Albert Hall de Londres le 30 octobre avec Tiny Tim, Peter Sarstedt et le Bohzo Dog Doo Dah Band. En se classant 10e le 8 novembre 1969. "Delta Lady" donne à Joe Cocker son troisième tube britannique alors qu'aux Etats-Unis il ne monte qu'en 69e position. "Delta Lady" est écrit par le chef d'orchestre Leon Russell, rencontré par Joe au festival de Woodstock en août, en hommage à sa compagne Rita Coolidge. Leon Russell est depuis longtemps connu comme pianiste de studio ayant travaillé avec Jerry Lee Lewis, Ronnie Hawkins, les Crystals, les Byrds, les Rolling Stones et Delaney 8‘ Bonnie. Avec Leon Russell, Denny Cordell fonde le label Shelter et supervise au cours de l'automne dans les studios A&M de Los Angeles, l'enregistrement du deuxième 33 tours simplement baptisé "Joe Cocker !". le dernier avec le Grease Band. Pour les fans de R&B il reprend de façon fort personnelle "Lawdy Miss Clawdy" de Lloyd Price. Du côté des Beatles, Joe s'attaque au sublime "She Came In Through The Bathroom Window". Bob Dylan dont Joe Cocker se fait une spécialité, est célébré avec "Dear Landlord". il s'empare aussi de "Bird On The Wire" de l'auteur canadien Leonard Cohen de "Something" de George Harrison des Beatles, et de émotionnellement riche "Darling Be Home Soon" de John Sebastian des Lovin' Spoonful, dont il a souvent partagé les mêmes spectacles. Plus que jamais, dans ces deux derniers titres, Joe Cocker transcende les paroles.


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